Isabelle MARTINET MILANO______________________________Photographies

Pairi Daeza

 

"Jardin entouré d'un mur" en Persan.
  Etymologie de Paradis.
  Série de 40 photographies

 

Les jardins sont des sanctuaires :
ils ne protègent pas de la vérité, ils sont cette vérité même.

Robert Adams

 
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Pairi Daeza

Dans les tableaux du moyen-âge le paradis est représenté comme un jardin foisonnant, carré ou rectangulaire, entouré de murs.
A l'intérieur de l'enceinte des plantes, des hommes et des femmes, des animaux parfois imaginaires mais toujours la beauté, le calme, la félicité.
Je me suis souvent fait la réflexion que le paradis, comme l'enfer d'ailleurs, est parfois déjà sur terre.
Tout est là autour de nous. La luxuriance de la végétation, l'harmonie et l'équilibre entre les mondes du vivant, la complexité merveilleuse et presque magique de la vie ainsi que la beauté dans le détail comme dans l'unité.
A plus petite échelle les jardins m'intriguent. Ils sont parfois le reflet de notre monde intérieur et les jardins vivent au rythme des jardiniers.
Ce jardinier que j'ai photographié durant plus d'une année est bien cher à mon cœur.
Il aimait tous les jardins. Les plus petits comme les plus fous, les plus sauvages, les plus libres mais également les plus ordonnés.
Au tout début de la saison les piquets des tomates étaient bien alignés, tous à la même hauteur. Ils avaient le même brin de bolduc au même endroit. Ainsi chaque légume était délimité dans  son emplacement mais aussi par ses accessoires. 
Et les planches  étaient tirées au cordeau.
Mais la nature c'est la vie et la vie aime la liberté.
Je préférais le photographier à la  fin de la saison, au moment des dernières récoltes. Toutes les autres plantes reléguées autour du jardin et laissées à leur  soif d'expansion avaient  alors rapidement réinvesti le territoire.
Jamais je n'ai trouvé plus beau que la lumière qui joue dans les herbes, les couleurs douces, la contemplation du jardinier dans ce fouillis de vie, cet espace mouvant qui évolue et avec lequel il devait  composer. Un temps suspendu, une fleur, un silence, le paradis de notre terre.
Mais où est l'ordre et qu'est le désordre pour la nature?
Ce jardinier aimait également  cet emmêlement, il y voyait bien sûr le travail à accomplir mais aussi tous les possibles,  le renouveau,  la vie.
C'était son jardin, le jardin de mon père.

 

 
 
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